Tout comme les humains, les chats ne sont pas constitués de la même façon. Le cœur, solide chez certains, peut l’être beaucoup moins chez d’autres. Sans être alarmiste, il convient de faire attention à cet organe vital, pour que celui de votre matou ou de votre minette batte à cent à l’heure !
Un cœur plus ou moins fragile
Les maladies de cœur ne sont malheureusement pas l’apanage des vieux chats, et une malformation ou une anomalie cardiaque peut apparaître chez de jeunes individus.
L’appareil cardio-vasculaire a pour rôle d’apporter à l’organisme l’oxygène et les produits dont il a besoin pour son fonctionnement. Il est une pompe indispensable à la circulation du sang. Le cœur est également chargé de transporter les déchets, les hormones…
On comprend aisément qu’une modification de l’équilibre cardiaque ait des répercussions énormes sur la santé du chat.
Sans entreprendre un cours d’anatomie, il est utile de préciser quelques notions.
La partie droite du cœur reçoit le sang « usé » qui circule dans les veines et l’envoie vers la partie gauche qui reçoit du sang dit hématosé qui repart ensuite vers l’aorte. Le cœur est un muscle creux qui contient quatre cavités : deux oreillettes et deux ventricules.
Il existe également des orifices de communication munis de valvules. Ces éléments sont fondamentaux dans le fonctionnement cardiaque et toute altération des valvules a une répercussion très importante.
On sous-estimait auparavant l’importance de la pathologie cardiaque chez le chat. Depuis quelques années, de nombreuses études ont montré que la cardiologie féline était à prendre en compte.
Reconnaitre le chat cardiaque
- Il mange moins
- Il est vite fatigué
- Il respire difficilement
- Il peut présenter des syncopes
Les bruits du cœur
Ils sont étudiés grâce à un stéthoscope qui amplifie ces bruits. Le premier bruit est mat, sourd et long. Il est souvent symbolisé par « BOUM » ou « BI ».
Puis intervient un petit silence. Ensuite c’est le deuxième bruit, plus bref que l’on dénomme « TA » ou « B2 ». Enfin un grand silence. Ces bruits correspondent à la fermeture des valvules après le passage du sang. Toutes modifications d’intensité, de durée, etc. sont donc fondamentales à répertorier.
Rien qu’un souffle !
Non, un souffle au cœur, ce n’est pas rien. Cela signifie que le muscle cardiaque est en difficulté.
Le souffle vient du fait que le sang, normalement envoyé avec énergie d’une cavité à l’autre, repasse dans la cavité dont il est issu.
Les valves ne se ferment pas bien, comme ne porte qui laisserait passer de l’air. Le sang qui revient par la valvule mal fermée ait du bruit. On entre alors dans le syndrome de l’insuffisance cardiaque apparaissant souvent avec l’âge.
Les symptômes cliniques seront la toux cardiaque et l’ascite. La toux cardiaque est quinteuse, sèche et se déclare souvent après un effort. L’ascite est l’accumulation d’eau dans l’abdomen du chat. Il a alors du mal à respirer car ses organes sont complètement comprimés.
L’insuffisance cardiaque
Le mauvais fonctionnement cardiaque entraîne une insuffisance d’apport sanguin aux tissus des organes vitaux. Il s’en suit donc diverses affections.
D’abord l’organisme réagit pendant un certain temps et lutte contre la déficience cardiaque. C’est la phase de compensation. La fréquence cardiaque augmente ce qui permet de maintenir constant le débit sanguin. Le muscle se dilate et les artères se rétrécissent.
Mais la phase de décompensation prend vite le dessus et l’organisme n’arrive plus à pallier l’insuffisance cardiaque. Le sang n’arrive plus aux tissus et stagne dans les vaisseaux.
Les symptômes sont des œdèmes des membres et un œdème aigu pulmonaire (OAP), ainsi que l’accumulation de liquide dans l’abdomen. Les œdèmes sont une accumulation d’eau dans les tissus à cause du sang qui ne circule plus dans les vaisseaux.
En stade ultime de l’OAP, le chat respire très difficilement et un liquide rosé apparaît au niveau de ses narines. Il est urgent de consulter.
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À bout de souffle
De nombreux incidents peuvent venir troubler le fonctionnement cardiaque. Il existe trois structures importantes qui peuvent être le siège d’inflammations : le myocarde ou muscle du cœur, l’endocarde qui tapisse l’intérieur du cœur et le péricarde qui représente l’enveloppe interne.
Il peut donc se développer des myocardites, des endocardites ou des péricardites. Les origines de ces maladies sont virales, bactériennes, toxiques.
Elles entraînent toutes des signes d’insuffisance cardiaque et respiratoire. Le cœur peut également présenter des tumeurs. La dirofilariose est une maladie parasitaire transmise par un moustique, très rare en France. Les parasites envahissent la cavité du cœur et en gênent le bon fonctionnement.
Les anomalies cardiaques
Une des pathologies les plus fréquentes est la persistance de l’arc aortique droit. Il existe une prédisposition chez le siamois et le persan.
Cette affection est présente dès la naissance. On se rend compte de cette pathologie au moment du sevrage. Les chats ont un retard de croissance, régurgitent souvent et mangent énormément. Ils font souvent des pneumonies par fausse déglutition. La persistance du canal artériel est une autre malformation congénitale. Ces affections exigent une chirurgie cardiaque.
Les CMP
Ce terme regroupe les cardiomyopathies félines qui représentent tout de même 15 % des chats vus par les vétérinaires.
Le cœur présente alors, selon les cas, de parois dilatées, hypertrophiées, trop fibreuses…
Les chats ont sept ans en général lors de l’apparition de ces troubles, et les abyssins, les birmans et les siamois sont les plus exposés.
Le chat éprouve une importante difficulté à respirer, ses muqueuses deviennent violettes.
Un traitement est mis en place mais la principale difficulté reste l’évolution silencieuse de cette affection jusqu’à l’apparition brutale des symptômes.
Les examens cardiaques
L’électrocardiogramme
Les quatre cavités du cœur présentent une alternance de phases de contraction ou systole et de phases de relâchement ou diastole.
La réalisation d’un électrocardiogramme consiste à enregistrer les phénomènes électriques du cœur. Pour cela, on pose des électrodes à la surface du corps du chat. Les électrodes sont des pinces crocodile de couleurs différentes déposées aux deux pattes arrière et aux deux pattes avant. Ces pinces sont fixées sur un pli de peau après l’application d’un gel conducteur.
Qu’analyse-t-on sur un tracé d’un électro-cardiogramme ?
Le vétérinaire va étudier la fréquence cardiaque, la régularité du rythme cardiaque, l’amplitude, la longueur des ondes… Tout cela est concrétisé par un tracé sur du papier millimétré.
La radiographie
Elle permet de visualiser la grosseur du cœur. En effet, à l’état normal, il occupe trois à quatre espaces intercostaux. Lors- qu’il est dilaté, il prend beaucoup plus de place.
L’échographie
Elle est très utile pour l’observation des affections localisées sur les différentes parois du cœur.
Traitement de l’insuffisance cardiaque
Le traitement n’est instauré qu’à l’apparition d’autres symptômes (ascite, toux). Sinon le cœur est en phase de compensation.
Le traitement sera à vie. L’animal ne doit plus faire d’effort. Il faut surveiller son poids. Signalez toujours au vétérinaire que votre chat est cardiaque lors d’une anesthésie.
Lexique
- Fréquence cardiaque : nombre de révolutions cardiaques par minute. Chat : 12
- Révolution cardiaque : phases de systole et de diastole pour chaque cavité
- Bradycardie : diminution de la fréquence cardiaque
- Tachycardie : augmentation de la fréquence cardiaque
- Dyspnée : difficulté respiratoire